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Gabon : un projet pour restaurer la dignité des détenus

Lancé le 3 juillet 2025 à Libreville, le projet « Dignité en détention » entend transformer durablement les conditions de vie dans les prisons gabonaises. Porté par les ONG SOS Prisonniers Gabon et Agir ensemble pour les droits humains, et financé à hauteur de 500 000 euros par l’Union européenne, ce programme vise à replacer la dignité humaine au cœur du système pénitentiaire. Il s’inscrit dans une dynamique de réforme à la fois sociale, juridique et institutionnelle, dans un contexte marqué par une surpopulation carcérale chronique et des violations persistantes des droits des détenus.

Déployé sur deux ans, de février 2025 à janvier 2027, le projet ambitionne d’améliorer les conditions de détention des personnes les plus vulnérables, femmes, enfants, personnes en situation de handicap, malades ou encore étrangers. Il prévoit des actions concrètes telles que la formation des agents pénitentiaires et des officiers de police judiciaire, l’accompagnement juridique des prisonniers, la mise en place d’une ligne d’écoute et l’appui à la réinsertion post-carcérale.

Présents au lancement, les représentants du ministère de la Justice, de l’administration pénitentiaire, ainsi que de la société civile et des partenaires internationaux ont salué une initiative nécessaire. L’ambassadrice de l’Union européenne au Gabon, Cécile Abadie, a rappelé que le Sous-Comité des Nations unies pour la prévention de la torture avait déjà exprimé, en 2024, sa préoccupation face à l’absence de progrès notables depuis sa visite au Gabon en 2013.

Le projet repose sur une approche inclusive impliquant à la fois la société civile, les institutions publiques, les anciens détenus et les citoyens. Il s’agit de créer un espace de dialogue constructif avec les autorités pour faire évoluer les pratiques et promouvoir une justice plus humaine. Selon Lionel Ella Engonga, président de SOS Prisonniers Gabon, il est urgent d’ancrer le respect des droits fondamentaux dans les réalités carcérales du pays.

Pour Bertrand Homa Moussavou, président de la Commission nationale des droits de l’homme, cette initiative marque un tournant historique. Il rappelle que le centenaire des prisons gabonaises en 2025 devrait inciter à repenser leur finalité : « La dignité humaine ne se négocie pas. La prison ne doit pas être un lieu d’oubli, mais de ressocialisation. ».

Un message partagé par plusieurs parlementaires, dont le vice-président de l’Assemblée nationale de Transition, Geoffroy Foumboula Libeka Makosso, qui a déclaré : « Nous sommes tous des prisonniers en sursis. ».

Plus qu’un projet technique, « Dignité en détention » se veut un levier de transformation sociale. Il interpelle sur la place de l’humain dans le système judiciaire gabonais et appelle à une mobilisation collective pour garantir à chaque détenu le respect de ses droits. Comme l’a résumé l’ambassadrice de l’UE : « La détention doit être un moment de reconstruction. Ce projet n’apporte pas toutes les réponses, mais il ouvre un chemin ».

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